Quelques mots douloureux, tels des sanglots, en hommage à nôtre cœur de lion!
*****************************************************************************************************
Cœur de lion,
Les mots d’adieu blessent les lèvres avant d’être prononcés tant ils sont meurtris. Il est des cris dont le retentissement est plus révélateur que tous les discours. Ce texte d’hommage est un grand cri de cœur! Derrière chaque mot, à la moindre virgule, entre les lignes, un cœur "rouge et blanc" bat et se débat dans le souvenir et la douleur. Un écrivain disait « on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux ». Et c’est justement avec « mes tripes » que je me débats avec moi-même pour forcer ma plume à t’écrire, ce n’est pas que tu ne le mérites pas, bien au contraire, c’est parce que je n’arrive pas à me faire à l’idée de ton décès. Chaque mot s’arrache en moi tel un sanglot. Non, loin s’en faut, ce n’est guère une oraison funèbre, je ne le supporterais pas, c’est juste un témoignage certes poignant mais non moins écorché vif.
Cœur de lion,
Un lion sur le rectangle vert, un fauve clubiste à l’état pur, fidèle représentant de l’emblème historique du club, rugissant à chaque action, le caractère trempé, les griffes toujours alertes pour combattre et vaincre. Les différentes pelouses, à travers la Tunisie, ont frémi sous tes chevauchés et de tes jaillissements. Roi dans les vestiaires, complice et fédérateur, à la fois grand frère et charmant pote, jamais à court d’argument pour réconcilier, aller de l’avant , bouffer l’herbe. Tu n’as jamais rechigné aux tâches ingrates, jouant sans calcul ni frein, toujours au centre de la bataille. Un cœur, aussi grand que ton talent, où tes équipiers, jeunes et moins jeunes, viennent se ressourcer, lire l’histoire poignante du Club Africain et apprendre ce que c’est qu’aimer, comment mouiller un maillot, comment l’appartenir, avec force et fierté. Tu as toujours été un supporter clubiste passionné et inconditionnel sur le terrain et en dehors.
Cœur de lion,
Qui mieux que toi mérite ce qualificatif. Je te surprends rejaillir dans ma mémoire comme un gladiateur que pleure aujourd’hui l’arène, comme un guerrier hargneux, farouche, teigneux et revanchard dont tu as longtemps donné le meilleur exemple. Tsar du milieu de terrain, pivot et guide, à la fois féroce bûcheron et fin artisan. Joueur d’instinct, doté d’un sens tactique hors pair et d’une maturité de jeu incomparable. Accrocheur jusqu’aux bouts des ongles et des orteils. Je te revois tout donner dans chaque tacle, mourir pour chaque ballon, on dirait que ta vie toute entière en dépend, ne rien lâcher, ne rien consentir. Je te revois te dépenser sans compter, te sacrifier avec les tripes, le don de soi est dans ta nature comme le goût de l’effort.
Cœur de lion,
Rompu à l’art du combat, toujours en première ligne, ton orgueil de rebondir, ton souffle exubérant et ta grinta légendaire, autant de qualité qui ont fait de toi l’enfant prodige du Club Africain et le digne héritier de sa culture et ses valeurs. Tu as marqué tout autant les terrains que les esprits. Dans la mémoire collective ou individuelle, tu sièges aux premiers rangs, une grande figure au panthéon clubiste. Le maillot du club suinte encore de ta sueur, il t’honore aujourd’hui comme tu l’as honoré. Les vestiaires bruissent encore de ton écho, le peuple clubiste reprend encore ton nom dans ses refrains. Tout un symbole !
Cœur de lion,
Le Club Africain que tu as tant aimé et auquel tu as tant donné n’oublie guère ses enfants. Chaque larme versée aujourd’hui t’élève, dans le sanglot languissant de ton public il y a ta voix, dans chaque œil endeuillé il y a ton regard. Le Parc résonne encore de tes pas. Même la mort ne parvient point à rompre le cordon ombilical, à te séparer des tiens, tu seras toujours là comme tu l’as été un capitaine modèle, homme de cœur, un puriste clubiste. Tu seras toujours dans les chants, dans les virages et dans drapeaux, tu partageras toujours les moments de victoire ou d’insuccès. Tu lèveras les prochains trophées comme en 2008, tu les auras également gagnés et mérités. Tu seras, avec le public enchanté, quelque part à Bab Jedid, ton fief, pour fêter les prochaines victoires. On te mettra sur les épaules comme au beau vieux temps !
Cœur de lion
Cher Zgaw, notre lion de cœur, je n’ai pas la prétention de t’enterrer dans les mots, je n’en ai ni la force ni l’envie, tout en moi se refuse à se soumettre au deuil, ma passion et mon rêve m’ont pris par la main et m’ont amené à te rétablir, à te rendre justice et a te restituer ton du, si besoin est ! Un philosophe écrivait « Il n’est de grand amour qu’à l’ombre d’un grand rêve ». Ceci résume cela. Et je reste convaincu que quelque part le rêve est une autre forme de combat ! Je ne peux me résigner à mettre, à tes pieds, un bouquet de fleurs, je n’en ai pas et tu n’en as guère besoin. Non, je n’adresse pas mes condoléances à quiconque, ne serait-ce à tes parents et tes enfants. C’est à moi, c’est à nous, nous autres clubistes, de recevoir les plus vives condoléances.
Cœur de lion
C’est juste un au revoir, on se reverra sur d’autres terrains, on portera le même maillot clubiste, on partagera la même passion, comme ça été toujours le cas ! Pour moi, tout comme pour toi, le Club Africain est plus qu’un club, et ceci veut tout dire ! Comme toi, comme d’autres, tu as toujours su aménager, entre tes occupations et préoccupations, une plage horaire pour séduire encore une fois, la nième fois dirais-tu , cette belle femme, le Club Africain, orgueilleuse et réticente, et dont nous partageons la passion, chacun à sa manière. Cette belle femme te mérite car tu l’as toujours méritée ! N’est ce pas un grand témoignage de ton grand amour que la dernière photo que tu as prise était dans le temple clubiste, le Parc A.
Merci, Laasad, d’avoir foulé notre terre sainte, d’avoir partagé notre grande passion et d’avoir porté notre légendaire maillot.
On se reverra bientôt, vieux, on s’en languit déjà !