Ca date d'il y a dix ans. Je ne sais pas si quelqu'un l'a déjà fait paraître mais à tout hasard... Au fait les espérantistes se demandent toujours où est passé Tasfaout.
Corruption et trafic d’influence
Les déboires de Slim Chiboub, l’Africain
L'Espérance Sportive de Tunis (EST), l'un des clubs les plus prestigieux de Tunisie, a toujours suscité des convoitises attisées par les rivalités régionales et les querelles de "clothers" (ou plutôt de "Ribats" : quartiers et faubourgs des grandes villes). Il semble cependant qu'avec le règne , Slim Chiboub, l'EST est devené non seulement l'objet des ressentiments de tous les autres clubs tunisiens (cf. les graves événements de Béja de 1999) mais que sa mauvaise réputation a, à présent, largement dépassé les frontières.
Arrogant et magouilleur, Si Slim est en passe, en effet, de confirmer -et de triste manière- que la devise de l'EST ("Sang et Or", les couleurs du club), n'est pas qu'une simple métaphore. L'or est en grande partie celui des fonds occultes de la corruption, le sang étant celui provoqué par les intimidations et les violences. L'image de l'Espérance s'en trouve -et c'est bien dommage- gravement ternie. "Taraji ya Dawla", le slogan préféré de ses supporters (Espérance , souveraine comme un Etat), est devenu synonyme d'arbitraire, d'injustice, de corruption et de manipulations en tous genres.
Alors que la Tunisie a obtenu l'accord de principe pour l'organisation de la Coupe d'Afrique 2004, un vent d'indignation souffle, tel l'harmattan sur le continent contestant les méthodes musclées, sonnantes et trébuchantes (InchAllah!) de Chiboub, le providentiel homme à fric (Afrique).
Ce sont les violents incidents de Bamako (match contre le Djoliba) après ceux de Casablanca qui ont fait déborder le vase... de la corruption et des abus.
Résultat : des affrontements violents, des dizaines de bléssés et l'arrestation à Bamako du Nigérian Razak (vice-président du Satellite FC), homme de main présumé de Slim Chiboub, qui semble avoir été, spontanément ou contraint, particulièrement bavard dans les locaux de la police malienne.
Il faut lire attentivement l'interview publiée par “Actuel” (Abidjan, Côte d'Ivoire) que nous reprenons ci-contre, pour se convaincre de la gravité d'une situation qui pourrait remettre en cause l'organisation par la Tunisie de la Coupe d'Afrique en 2004 et qui, dans l'immédiat, risque de déboucher, au début du mois d'août à Abidjan où l'EST doit affronter "l'Africa Sport", sur des incidents plus graves encore que ceux de Bamako.
L'auteur de cette interview n'est autre, en effet, que Gaye Mamadou, dirigeant de "l'Africa Sport". Ce dernier s'explique, se défend et attaque d'une façon d'autant plus crédible qu'il bénéficie d'une réputation plutôt bonne parmi les "managers-foot" du continent! Affaire à suivre...
A cela s'ajoutent les révélations faites par un jeune joueur nigérian Julius Aghahowa après son passage à l'EST à Tunis. Né en février 1982, recruté directement à 17 ans sans la médiation d'un représentant légal, Julius a eu une prime de US$60 000 à la signature, un salaire de US$6 000 par mois dans le cadre d'un contrat de 3 ans et son club d'origine a obtenu US$200 000. Le séjour à Tunis se passe plutôt difficilement, Julius ayant de grosses difficultés d'adaptation malgré son talent et son passeport ayant été placé dès son arrivée "dans le tiroir de M. Slim"! Et voilà que Julius apprend qu'on négocie, à son insu, son transfert en Europe à plus de 5 millions de dollars. Futé, le jeune Julius se montre discret et parvient à "partir en vacances". Arrivé à Lagos, il déballe des vertes et des pas mûres sur "l'enfer de la maison Chiboub" : la trique, le paternalisme autoritaire, le racisme sournois et surtout les tours de passe-passe lucratifs des achats et ventes de jeunes talents.
Intriguant, magouilleur et de surcroit "négrier des stades", c'est sans doute un peu trop... même pour un gendre gâté et milliardaire !
Leïla Boubich
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Ligue des champions
Gaye Mamadou (manager foot) : "Slim Chiboub est dangereux pour l'Africa"
Le dernier match qualificatif pour la ligue des champions de la CAF disputée entre le Djoliba et l'Espérance de Tunis, à Bamako (Mali), a provoqué du grabuge lié au problème de corruption. Et le président de l'Espérance de Tunis, Slim Chiboub, serait à la base de cette affaire. L'ivoirien Gaye Mamadou, cité dans cette scabreuse affaire pour laquelle Razak (vice-président du Satellite FC) est emprisonné au Mali, se défend. "Slim Chiboub est dangereux pour le football africain".
• Vous avez été cité dans une affaire de corruption orchestrée par le président de l'Espérance de Tunis, Slim Chiboub. Qu'en est-il exactement?
Gaye Mamadou : Je suis vraiment surpris d'entendre mon nom mêlé à cette histoire de corruption. J'ai toujours évité Slim Chiboub pour ses mauvaises pratiques. C'est à cause de ses magouilles que l'ASSEC n'a pas joué la coupe du monde des clubs. Et récemment, au Maroc, lors de la finale des champions, Slim Chiboub avait remis de l'argent à Ahmed Aladé qui était chargé de corrompre les arbitres devant officier le match Espérance-Raja. J'étais en compagnie de Ouattara Hégaud et Emmanuel Muradas. Par la suite, les employés de l'hôtel où nous étions, nous ont confié que Aladé avait en sa possession US$18 000 (environ 13 millions CFA) pour les arbitres.
• Vous avancez des propos assez graves. Avez-vous les preuves de ce que vous dîtes ?
G.M:Pour l'intérêt supérieur du football africain, je suis prêt à tout. Et j'assume ce que je dis. Nous sommes arrivés à un stade où ce genre de magouilles doit prendre fin. Je parle de ce que je sais et de ce que j'ai vécu. Pour les preuves, personne ne peut détenir des preuves à 100%, néanmoins je pourrais en fournir si le besoin se fait sentir.
• A quel moment votre nom a été cité dans l'affaire Djoliba-Espérance?
G.M: En fait, Brau Konan Bertin, de Radio Côte d'Ivoire, a voulu avoir des précisions sur l'affaire. Et il a appelé le président du Djoliba, M. Karounga Kéita. Ce dernier lui a répondu qu'il avait eu vent de ce que Chiboub enverrait trois personnes, notamment Razak, Aladé et moi-même pour corrompre les arbitres qui devaient officier le dernier match Djoliba-Espérance de Tunis. Vous savez le résultat, vous savez également ce que cela a engendré. Alors je me suis dit que Slim Chiboub est en train de la dans le football africain. Et qu'il était temps qu'on le dénonce. Raison pour laquelle j'ai décidé de lever un coin de voile sur certaines pratiques de ce monsieur dangereux pour le football africain.
• Vous disiez tout à l'heure que Slim Chiboub pourrait nuire également à l'Africa Sport en ligue des champions...
G.M: Bien sûr ! Je dirais même que toutes les équipes engagées dans la ligue des chamions doivent faire attention à Slim Chiboub. Si je fais allusion particulièrement à l'Africa Sport, c'est parce que c'est le représentant de mon pays, et il évolue dans la poule de l'Espérance. Chiboub est dangereux. Il peut envoyer des arbitres saboter un match. Parce que, pour lui, le football est synonyme de magouille, de corruption.
• Ce que vous avancez met en doute la crédibilité du football africain et par ricochet celle de la Confédération africaine de football (CAF)...
G.M: Je pense que le président de la CAF, Issa Ayatou, doit maintenant prendre ses responsabilités. Parce qu'il continuera d'avoir honte devant ses pairs de la FIFA si les magouilles ne cessent pas dans le football africain comme ce fut le cas lors de la dernière finale de la ligue des champions où le Raja, malgré toutes les combines orchestrées à son encontre, a humilié Slim Chiboub, son équipe et son peuple. Dans le milieu du football africain, personne n'ignore aujourd'hui que Slim est une mauvaise graine pour ce football-là. A cause de lui, la CAF est en train de perdre sa crédibilité, les arbitres africains sont de plus en plus corruptibles.
• On revient sur la question. On comprend difficilement que votre nom soit mêlé directement à cette affaire de corruption. Soyez plus explicite...
G.M: Je répète que je suis surpris parce que je n'étais même pas en Afrique au moment où cette affaire éclatait. C'était sans doute pour mettre la poudre aux yeux des gens qu'il m'a cité. Surtout que j'ai été un des témoins occulaires de ce qu'il a fait au Maroc. Regardez, à cause de Slim, le pauvre Razak croupit aujourd'hui dans une prison au Mali. Pourtant lui, il est en liberté et se permet tous les voyages qu'il veut. Pour le bien du football africain, il faut que les Razak, Aladé et tous les arbitres sortent de leur réserve pour dire la vérité afin qu'une solution soit trouvée à ces problèmes de fraude. Et le football africain en sortira grandi. Slim Chiboub, président de l'Espérance, est dans la commission d'organisation des compétitions internationales de la CAF. Vous comprenez pourquoi il se permet autant de facilités.
Entretien réalisé par
Tibet Kipré et Ken
“Actuel” 20 juin 2000