par Nagy » Dim 27 Oct 2013, 18:36
Puisqu’on parle depuis quelques temps de corruption et de justice sportive transitionnelle, je ressors ce sujet Larouiesque un instant pour évoquer une histoire de justice immédiate (quoique discutable), qui tranche avec cet espoir de justice rendue que je n’espère même pas connaître de mon vivant.
Les plus jeunes ne s’en souviennent pas, mais en 1987-88, la meilleure équipe tunisienne était le Club Olympique des Transports. Bon, on parle d’un niveau de jeu proche du lamentable dans notre beau pays, mais ce COT là a un collectif bien huilé, ornementé de quelques joyaux individuels (dont Msakni, le père des deux autres, et que j’ai toujours préféré à ses fils). Il mériterait d’être champion de Tunisie, le premier de cette ère nouvelle qu’on nous annonce tellement meilleure, mais il souffre d’un manque de notoriété, disons-le comme ça, et d’être en concurrence avec laspiranss. Cette dernière n’en a pas besoin, mais elle jouit depuis peu de la présence d’un nouvel homme fort, ce bon monsieur gendre, et a vite remisé les portraits de Bourguiba qui ornaient ses gradins jusqu’à l’automne précédent. Bref, le jour de la dernière journée, laspiranss joue son match à Bizerte avec… une demi-heure de retard. Un camion-citerne bêtement tombé en panne sur le terrain, quoi de plus normal ? On a tous les jours des semi-remorques qui se promènent le long de la touche, non ? Sans doute la pelouse devait être arrosée (pour les plus jeunes toujours, le CAB jouait sur terre battue jusqu’en 1990 et le B’siri n’a été gazonné qu’en 1994). Bref, le COT est volé de son titre et la nouvelle ère commence encore plus fort que les précédentes en matière d’iniquité.
Quelque temps plus tard, un de ces bandits qui bénéficient plus facilement de la grâce présidentielle (quel que soit le président) que les détenus d’opinion (quelle que soit leur opinion, aussi), commet un cambriolage à Bab Souika. Au siège des vendus, il dérobe du matériel, des trophées, etc… Je désapprouve, mais en même temps c’est un retour de manivelle en quelque sorte. Le gars est tout de même un esthète, puisqu’à la différence des Brésiliens qui ont fondu la coupe Jules Rimet, il ne cherche pas à monnayer ses coupes. En revanche, comme il est de Mellassine, il va promener le Lion du championnat, lui faire un décor en plusieurs volets avec du noir et du bleu, le balader dans son quartier et au stade Ali Belhaouane et prendre cette revanche sur laspiranss. Evidemment, il va se faire retrouver d’autant plus facilement, mais en attendant, je trouve le pied-de-nez superbe.
A une prochaine fois.
Ohrom âlya el koura baâd elIfriki.
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