Basketball
Championnat d’Afrique — La Tunisie termine à la 6e place
Ce qu’il faut retenir d’Alexandrie
Beaucoup de jugements ont été faits. Récit de ce qui reste dans les mémoires de ce championnat d’Afrique.
Le sentiment du devoir accompli, que l’entourage de la sélection (staffs technique et administratif) ne cesse d’exprimer après le championnat d’Afrique, est-il fondé ? L’équipe nationale n’a pas été ridicule, mais n’a pas été brillante non plus. C’est ce qu’on appelle une prestation moyenne, ordinaire dans l’ensemble. Evaluer cette prestation sans tenir compte des événements et données extérieurs de la sélection donnera lieu à un jugement subjectif. La qualité et la disponibilité de l’effectif, les choix tactiques et la communication entre Novovic et les joueurs, la forme des éléments-cadres du cinq national ainsi que les conditions réelles des matches disputés, sont des facteurs qui ont affecté la sortie du cinq national en Egypte. Que restera-t-il de cette semaine passée à Alexandrie ? Le goût d’inachevé et la déception d’avoir raté la qualification en demi-finales. Il restera aussi des points d’interrogation à clarifier quant à l’utilisation des joueurs, et de la qualité intrinsèque de certains éléments retenus. S’il y a des zones d’ombre, il y a aussi des satisfactions qu’on ne peut occulter même si l’Afrique demeure dure, dure pour le basket tunisien, qui attend, impatiemment, sa première consécration… Le bon et le moins bon d’un championnat d’Afrique assez difficile et agité pour notre sélection.
Ce qui a fait plaisir, c’est que l’équipe est unie malgré le grand mouvement de va-et-vient dans l’effectif. Pour revenir au score contre des équipes que l’Angola et le Sénégal après avoir été mené de 17 points, il fallait avoir du cran et de la solidité mentale. Certes, il n’y a pas eu de victoire face à ces deux ténors, mais l’engagement de nos basketteurs et leur application dans la défense homme à homme nous ont ravis.
Essayed, Khanfir, Slimane en verve
Le jeu de l’équipe n’était pas constant, un début de match difficile et pénible (contre le Sénégal et l’Angola), puis c’est le retour. C’est le fruit d’une bonne défense, mais aussi de la bonne forme des ailiers Essayed et Slimane, et de l’arrière reconverti, Khanfir, ainsi que les pointeurs dont le mérite est d’avoir débloqué des situations difficiles, grâce à des paniers de trois points, ou des paniers à l’issue d’incursions. Un joueur comme Heythem Essayed a été vraiment le leader de ce cinq national. Grâce à un bon physique et à une prise d’initiative (débordements surtout), il a été fidèle à sa générosité. Pourtant, le courant ne passait pas bien entre lui et Marian Novovic, le sélectionneur national. En plus, il s’est vu retirer le capitanat de l’équipe à quelques jours de la compétition !
Le second joueur en forme n’est autre que Maher Khanfir, très brave malgré son nouveau poste d’organisateur. L’Etoilé a rencontré beaucoup de problèmes dans les premiers quart-temps, mais est parvenu à rentrer dans les matches. Mieux encore, ses tirs à trois points et même ses incursions réussies ont fait de lui, un élément utile dans la sélection. Quant à Slimane, il a sorti un jeu honorable aux postes d’ailier et de pivot. Bien qu’il n’ait pas pris part à une bonne partie de la préparation, il a rempli son rôle. Rezig et Maoua ont, eux aussi, fait un travail notable dans ce championnat, mais pour le reste, il n’y avait pas grande chose à espérer, surtout pour certains retenus, on ne sait pour quelle raison !
Les postes d’arrière et de pivot
Face au Sénégal, le pressing tout-terrain sur Maher Khanfir a été fatal pour l’équipe de Tunisie. Heureusement qu’Essayed, Rezig et Maoua ont su aider Khanfir à glisser le ballon dans la zone adverse. L’absence d’un arrière d’expérience a pesé dans la balance. Mais pourquoi avoir risqué de se déplacer en Alexandrie avec un seul arrière reconverti ? C’est un risque inutile à notre avis. Le deuxième épisode dans le feuilleton des absences concerne le poste de pivot, en l’occurrence Malaoui, le plus coté sur le marché. Sans organisateur et sans pivot classique, qu’espérait le staff ? Beaucoup de questions persistent : pourquoi ne pas avoir rappelé Lamjed Njah ou Marouane Lahmar, deux arrières confirmés ? Nous pensons aussi que s’il y avait un groupe plus élargi surtout pour les postes sensibles, on aurait dû trouver des solutions de rechange. Dire que maints joueurs n’ont pas voulu intégrer la sélection est insensé pour la simple raison que c’est la sélection et personne ne peut décliner une convocation. Dans un championnat où les talents ne courent pas les rues, des joueurs comme Marouane Lahmar, Lamjed Njah, Walid Braïki et Mehdi Ben Mahmoud méritent une chance !
Face à l’Angola, le Sénégal et la RCA, le scénario est identique : un long passage à vide, puis beaucoup d’efforts pour revenir. C’était dû à quoi ? Est-ce la pression, le relâchement ? En tout cas, il fallait trouver une solution et éviter cette débauche d’énergie supplémentaire. Tactiquement, l’équipe de Tunisie a mis beaucoup de temps à appliquer la défense homme à homme. Heureusement que les bons réflexes défensifs ont été là pour arrêter l’échappée de nos adversaires.
Novovic, très émotif
Marian Novovic a tout fait pour exploiter son effectif et les possibilités de chaque joueur. Mais il a été tellement émotif et préoccupé que sa nervosité devint remarquable. On n’oubliera pas ses coups de gueule lors des temps morts, ni ses accrochages «en direct» avec ses joueurs. Nous comprenons qu’il soit si perfectionniste, mais un minimum de sang froid et de «savoir-traiter» étaient indispensables. Ce sont en fin de compte ses joueurs et il s’agit d’un championnat d’Afrique et non d’une guerre!
A 16 ans, ce jeune d’EZS, qui n’a disputé aucun match avec les seniors, débarque en sélection. Malheureusement pour lui, il a tout raté à chaque fois qu’il est rentré pour deux ou trois minutes. Les seniors, c’est très dur pour ce basketteur qui a du potentiel, mais qui n’a pas su s’adapter à ce changement brutal dans sa très jeune carrière. Rached Mabrouk doit vite oublier ce championnat d’Afrique et en tirer les leçons. S’il avait déjà joué avec l’équipe de Tunisie, il aurait réussi son entrée sur scène.
C’est ce qui reste de ce championnat d’Afrique qui doit être bien analysé, pour savoir repartir du bon pied. Il faudra tout revoir dans la manière de gérer la sélection si l’on veut rompre avec les seconds rôles. Le potentiel y est sûrement, mais ce qui fait la différence, c’est la manière dont le présent et l’avenir de la sélection sont configurés.
Rafik EL HERGUEM