Football
Conseil fédéral
Eviter l’effet contraire
Les nouvelles dispositions exigent la mise sur place d’organes administratifs au sein des clubs. Mais il faut éviter de brusquer l’évolution.
Six saisons après l’instauration du non-amateurisme, la tendance semble s’accélérer. Le Conseil fédéral a confirmé dimanche le constat avec le train de mesures qui viennent d’être entérinées par les représentants des clubs et des instances dirigeantes du football. La recherche du saut qualitatif a sans doute présidé aux débats et aux conclusions de ces assises. La transparence dans la gestion a pris une part importante de ces débats et bénéficié de l’adhésion de tout le monde de par son impact sur la marche des clubs. Mais à vouloir tout faire à la fois, on court le risque d’éparpiller l’effort. Chose que nous ne souhaitons pas eu égard aux répercussions négatives sur la vie des clubs et le football d’une manière générale.
Risques
Nos clubs, gérés comme ils le sont actuellement, sont, à notre avis, incapables de répondre aux nouvelles dispositions. Chez la majorité écrasante, la décision émane d’une conception de la gestion où le bénévolat consacre une situation de fait…Ils ne sont jamais tout à fait à la disposition de leurs clubs et ne peuvent pas l’être. D’ailleurs, dans la majorité des cas, la gestion est du ressort de trois personnes, le président, le secrétaire général et le trésorier et le gros du travail repose sur les épaules du second qu’on retrouve au four et au moulin. Dans le meilleur des cas et au sein des grands, on désigne un secrétaire permanent qui se charge des dossiers administratifs et du suivi de la section de football à tous les niveaux. Et il est souvent délégué de l’équipe seniors !
Une administration au vrai sens du terme
Cela permet une gestion plus ou moins normale des affaires courantes.
Quant aux volets matériel et financier, il y a absence d’une structure appropriée. Jusque-là, il n’y a pas de gros problèmes, mais avec la nouvelle organisation exigée par le Conseil fédéral, la question devient d’actualité. Tout club devra désormais disposer d’une administration au vrai sens du terme. Cette administration aura la charge de suivre de près tout ce qui a trait au volet humain et au service financier. Il faudra ainsi une comptabilité établie au jour le jour et des bilans.
Le club tel qu’il est perçu par le Conseil fédéral s’apparente à une véritable entreprise qui exige une assise administrative où l’on doit impérativement trouver à sa tête quelqu’un de totalement disponible pouvant collaborer avec un personnel permanent et rémunéré. Cela va créer des charges supplémentaires pour les clubs. Et peu d’entre eux sont en mesure de satisfaire à cette exigence, surtout qu’on est tenu de présenter un état financier avant le 1er octobre.
Contrainte
Cette obligation contraignante mérite, à notre sens, mûre réflexion avant son entrée en vigueur. Car il est peu probable que tout le monde soit en mesure d’y répondre aussi rapidement.
La démarche par étapes nous semble réaliste, compte tenu de la manière dont sont gérés nos clubs, qui doivent sans doute changer leurs méthodes, mais cela ne peut se faire du jour au lendemain. Le changement ne se décrète pas. On y procède par paliers avant d’atteindre l’objectif escompté, d’autant qu’on veut tout faire à la fois après des années de sommeil total. On craint que nos clubs se perdent dans les méandres de cette nouvelle réglementation et d’assister en fin de compte à l’effet contraire. Le risque est gros et il faudra bien réfléchir à la question. Le professionnalisme ne peut pas seulement concerner les joueurs et le cadre technique, il doit aussi toucher ceux qui dirigent, comme c’est le cas dans les pays qui nous ont précédés sur cette voie.
Ali TRABELSI
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Autour du Conseil fédéral
Ouverture des débats — Les travaux du Conseil fédéral de la FTF, tenus dimanche, ont été ouverts par M. Mohamed Salah Karaouli, directeur des sports civils.
Animation — Les débats de ce conseil ont été dirigés par M. Hamouda Ben Ammar, président de la FTF et animés par quelques membres du bureau fédéral, chacun en ce qui le concerne, M. Mohieddine Baccar sur tous les sujets, M. Habib Ben Aïssa, les règlements, M. MahmoÔd Hammami, les finances et le comité fédéral de contrôle de gestion des clubs, M. Fethi Jemaâ, les litiges, M. Mondher Ben Ayed, les nouveaux projets et M. Khaled Bouzgarou, l’organisation coupe et championnat. **
Douze heures de débats — Le conseil a duré treize heures dont douze de débat effectif avec deux interruptions : pause-café et déjeuner.
Deux anciens présidents — Deux anciens présidents de la fédération ont participé aux travaux du conseil fédéral. MM. Moncef Foudhaïli et Younès Chatali dont les interventions ont été des plus pertinentes.
Représentation — Toutes les parties impliquées par la gestion du football ont été représentées :
— Centre national de la médecine sportive par Mme Zakia Baltagi
— La Direction nationale technique par M. Youssef Zouaoui
— L’Association des entraîneurs professionnels par M. Moncef Arfaoui
— L’Amicale des arbitres par M. Abdelaziz Sayari
— Les joueurs par Témime Lahzami (Abdessalem Chamam qui devait aussi représenter les joueurs étant en déplacement s’est excusé).
Présence de Roger Lemerre — Le sélectionneur national, M. Roger Lemerre, était également parmi les présents, mais appelé à une réunion avec le staff de l’équipe nationale qui préparait le départ pour le stage de Aïn Draham, il a dû quitter la salle vers 15h30.
Nouveaux formulaires de licences —Dans son intervention, M. Mondher Ben Ayed a présenté le nouveau modèle des licences des joueurs non amateurs qui auront la forme des nouveaux permis de conduire et comprenant, à part les rubriques d’usage (nom, prénom, date de naissance, etc.) l’historiŒue du joueur (appelé par la Fifa passeport du joueur) mentionnant tous les clubs par lesquels le joueur est passé dès sa première licence. **
Un CD uniforme — A ce sujet, la FTF fournira gratuitement un CD et organisera des séminaires pour les responsables des clubs afin de les familiariser avec le nouveau projet.
35 journalistes — Ils étaient trente-cinq journalistes à avoir été délégués pour couvrir les travaux de ce conseil fédéral, représentant tous les organes de la presse écrite, les deux chaînes de télévision (Tunis 7 et Canal 21) etles radios (chaîne nationale, RTCI, Monastir et Gafsa).
141 participants — Du côté des participants, on a dénombré un total de cent quarante et un présents.
Ameur BAHRI
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Nationale A et B à 14 clubs
Nombre ou qualité ?
Le Conseil fédéral a accouché d’une souris en adoptant le retour à 14 clubs en Nationale A et B. La qualité de la compétition n’est pas une affaire de nombre de clubs…
Le retour à 14 clubs en Nationale A et B à partir de la saison 2004-2005 s’apparente à un coup d’épée dans l’eau plutôt qu’à une prise en considération des vraies lacunes de la discipline. Passons sur les considérations étroites de certains qui croient naïvement que l’arrivée de deux pensionnaires supplémentaires leur procurera … deux chances de durer dans la soi-disant «cour des grands». Une vision restrictive, parce que négative, dans la mesure où un club doit compter sur ses propres moyens, et non pas sur l’échec des autres pour sauvegarder sa position…
Cela dit, tant qu’on pensera ainsi à propos de la compétition, on ne sortira pas de l’auberge, ni avec 14 clubs ni avec 12…
La question fondamentale ne se situe pas dans le nombre, mais dans la qualité qu’on voudrait introduire pour améliorer le jeu.
La qualité ce n’est pas deux journées de championnat et quatre matches en plus pendant la saison qui provoqueront des dépenses supplémentaires inutiles. La qualité c’est un climat sain de la compétition, une bonne gestion du potentiel humain, des choix judicieux à moyen et à long terme, la formation sur des bases solides, la valeur de l’encadrement technique, la compréhension positive de la notion de compétition (le résultat à tout prix n’est pas le signe d’une ambition), la continuité du travail.
Penser qu’une qualification à la Coupe du monde est un signe de bonne santé c’est rester myope aux lacunes de base. D’ailleurs, notre deuxième participation consécutive au Mondial a montré la fébrilité chronique de notre football.
Plus important, le diagnostic de la discipline «phare» aboutit à l’absence de joueurs de talent, à la nécessité de bien travailler pour les former, de faire en sorte que plusieurs équipes disputent réellement le championnat, que la volonté et la persévérance soient les catalyseurs des clubs.
Aujourd’hui, le tableau est bien modeste. Au niveau des clubs en proie à des problèmes de gestion quotidienne, mettre en place des actions pour l’avenir est la priorité essentielle.
Dès lors, on comprendra pourquoi l’équipe de Tunisie continue de cavaler derrière un titre continental depuis sa création.
Hassen MZOUGHI