par Nagy » Jeu 26 Fév 2009, 00:25
Je me suis demandé, en entendant parler des attaques et de la vendetta sur les parcs A et B, jusqu'où est-ce qu'on irait...
Pas que ce soit un phénomène neuf, celà existait déjà avant l'indépendance. Rien que la génèse du Club Africain et de l'Espérance, qui puisent aux mêmes sources, trouve ses racines dans une bagarre ayant dégénéré en émeute. Donc il ne faut pas trop s'étonner des développements.
Certaines interventions dans le sujet qui est dédié à ces délits me redonnent la faiblesse de croire en des lendemains meilleurs, d'autres me font croire que le pire ne fait que commencer et que bientôt on va aller chercher les gens chez eux pour leur demander pour qui ils sont et s'en prendre à eux.
Mais je me demande bien comment on fera pour les Abdelli, dont les frères étaient opposés en derby, les Touati, dont Khaled jouait pour l'EST jusqu'en cadets (et contre Sami donc) et dont le père est espérantiste, les Klibi (Taoufik était notre arrière droit, son père est décédé de l'émotion provoquée par l'Espérance), les Zouhir (maître Fethi Zouhir fut gardien de but de l'EST et président du CA. Je vous laisse le soin de connaître la parenté qui le lie à Aziz), les Harbaoui, les Chaïbi, les Hedhili (il a joué pour le CA et quand on a eu l'idée de dissoudre la section la plus titrée du continent il est passé à 'l'ennemi'), ou mes neveux tiens, puisqu'ils aiment tous les deux le CA mais qu'il y en a un dont j'essaye de corriger le tir parcequ'il aime bien aussi l'Etoile (ça va, encore rien d'irrécupérable). Et la liste est longue. Je suppose qu'on tapera dans le tas, puisqu'après tout, on en est à se battre entre groupes supposés supporter un même club.
Alors en guise de belle histoire cette semaine, je vais vous parler du Club Olympique de Kélibia, fondé à la fin des années trente et agréé au début des années quarante. J'avais toujours connu le COK jouant en rouge et blanc; et donc ceci ajouté à la beauté des kélibiennes et de leur ville à mes yeux a fait que ce club m'a toujours été sympathique...
Horreur, en 1992-93 Kélibia se met à jouer en rouge-blanc-jaune, et en plus fait le jeu de l'EST en nous battant en volley et en nous privant d'un cinquième titre de champion de suite. J'ai alors su par un de ses fondateurs, le Dr.Brahim Gharbi (qui est aussi espérantiste que noble de caractère) qu'à sa naissance, le COK avait d'abord joué en rouge et jaune. Pile comme l'EST.
Et devinez quoi? Un jour, dans les années soixante, Kélibia dont les moyens étaient très limités, se déplace à Tunis et doit y affronter l'Espérance, qui refuse de changer de maillot. Kabchou fihom alors que certains dirigeants étaient communs aux deux clubs! Le COK est sur le fil du forfait lorsque des dirigeants clubistes apportent en catastrophe au palais de la foire (une pensée émue pour ce temple -vermoulu- des sports collectifs et/ou scolaires et/ou mixtes et l'époque où il y avait foule pour regarder Club Afrciain-Espérance cadettes filles en volley. Dommage pour tous ceux qui n'ont pas connu ça et le Kennedy...), bref, les dirigeants du CA arrivent en dernière minute avec deux jeux de maillots rayés rouge et blanc (verticalement, c'est à André Nagy qu'on doit le choix définitif des rayures cerclées horizontales) qu'ils offrent aux cap-bonistes. Le COK joue donc en rouge et blanc, et bat l'Espérance de Zizi Belkhodja qui compte pourtant autant d'internationaux que de joueurs. Et depuis lors, durant un quart de siècle, Kélibia va jouer en rouge et blanc, dominer la compétition (avec La Marsa), et l'impact de la télévision toute neuve qui montre Chaïbi et Attouga écraser la scène de leur talent va contribuer à y rendre le Club Africain aussi, voire plus populaire que l'EST.
Tout ayant une fin, celà sera remis en cause lorsqu'Uncle Slim fera irruption sur la scène sportive en même temps que le COK et le CA seront opposés pour la suprématie en volley. Mais Kélibia ne rejouera plus jamais en rouge et jaune, et conservera toujours le rouge et le blanc dans ses couleurs (ils ont ajouté le bleu depuis quelques saisons, pour rappeller la mer. Mais ils ont enlevé le jaune. Et gardé leurs couleurs porte-bonheur).
Comme quoi on gagne plus à se faire des amis que des ennemis, et on peut vite perdre les premiers...
PS: cette histoire est strictement authentique, comme toutes celles que je vous raconte ici... Sur ce, nous avons un derby à gagner et une bâchée conduite par un pilote de vespa à dépasser. A dans +2, euh, je veux dire, à la prochaine fois.
Ohrom âlya el koura baâd elIfriki.
Le Club Africain est une institution, pas une marchandise.